Bruxelles, 10 septembre 2020: « Mettre fin à la surpêche », tel est le message délivré cette semaine au commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, dans le cadre d’une déclaration signée par 300 scientifiques appelant à l’action de la Commission européenne, du Parlement européen et des États membres de l’Union européenne pour mettre fin à la surpêche « en tant que réponse urgente aux crises de la biodiversité et du climat ».
Les scientifiques exhortent l’UE à fixer des limites de pêche qui respectent les avis scientifiques et affirment que « la gestion écosystémique de la pêche est essentielle à la santé des océans et à leur capacité à répondre au changement climatique » [1,2].
Les signatures seront également remises aux ministres de la pêche de chacun des États membres de l’UE, avant que les limites de pêche annuelles ne soient fixées pour 2021, et aux membres du Parlement européen qui préparent leur réponse à la stratégie de l’UE pour 2030 en matière de biodiversité [3].
La déclaration, signée par des personnalités de premier plan dans le domaine des sciences marines, dont le professeur Carlos M. Duarte, le professeur Hans-Otto Pörtner, le Dr Valérie Masson-Delmotte, le professeur Rashid Sumaila, le Dr Ute Jacob, le Dr Jean-Baptiste Jouffray, le professeur Didier Gascuel, le Dr Rainer Fröse, le professeur Alex Rogers, le professeur Victoria Reyes-Garcia, le Dr Sandra Cassotta, le professeur Stiig Markager et le professeur Daniel Pauly, a été remise cette semaine au commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche, Virginijus Sinkevičius par l’organisation « Our Fish ».
« La surpêche et les prises accessoires représentent les principaux facteurs de perte de biodiversité dans l’océan », a déclaré le professeur Alex Rogers, directeur scientifique de Rev Ocean. « Nous avons besoin d’un océan sain et productif, et pour cela il est primordial de mettre fin à la surpêche. C’est particulièrement le cas face aux effets du dérèglement climatique, qui affecte l’ensemble de l’océan, y compris les stocks de poissons eux-mêmes. En tant que scientifique, j’appelle l’Union européenne à reconnaître que la gestion écosystémique de la pêche est essentielle à la santé de l’océan et à sa capacité à répondre au changement climatique. Elle est également vitale pour la santé humaine, y compris celle des générations futures ».
« La surpêche consiste à extraire de l’eau davantage de poissons qu’il n’en est généré. Pour être honnête, c’est absurde. Car les stocks ainsi réduits ne peuvent plus supporter que de petites prises. Cela n’a donc aucun sens et cela n’aide ni les pêcheurs, ni les poissons, ni personne. Tout cela a également un impact sur le climat ; les stocks de poissons trop petits ne sont pas en mesure de remplir leur rôle dans l’écosystème. Si l’écosystème ne fonctionne pas comme il le devrait, il ne peut pas respirer normalement et ne peut pas absorber le CO2 correctement », a déclaré le Dr Rainer Fröse, du GEOMAR – centre Helmholtz pour la recherche océanique de Kiel, en Allemagne.
« Pour faire face au changement climatique, nous devons réduire nos émissions de CO2. Mais cela ne suffira pas. Il nous faut en même temps agir pour la biodiversité », a déclaré le professeur Didier Gascuel, directeur du Centre des sciences halieutiques et aquatiques, à l’Institut Agro en France. « En mer, cela nécessite en priorité de mettre fin à la surpêche et de développer une approche écosystémique de la gestion des pêches. En tant que scientifiques, nous savons que cela permettrait de reconstruire des stocks de poissons plus abondants et des écosystèmes en bonne santé, plus résilients. Donc effectivement, pour les poissons, pour les écosystèmes et pour les pêcheurs, mettre fin à la surpêche et développer une approche écosystémique est un moyen efficace de s’adapter face au changement climatique. Agir pour des pêches durables, c’est agir sur le climat ».
« Les données scientifiques sont claires – l’Union européenne doit maintenant veiller à ce que la santé des océans soit placée au cœur de sa réponse à la crise de la nature et du climat – et cela signifie mettre enfin un terme à la surpêche », a déclaré Rebecca Hubbard, directrice de l’organisation « Our Fish ». « Tout comme notre propre santé, si nous continuons à faire subir à l’océan la pression de la surpêche, c’est l’ensemble du système qui s’affaiblira encore, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus nous fournir les moyens de subsistance dont nous avons besoin – oxygène, régulation du climat, nourriture et emplois. L’Union européenne doit cesser de traîner les pieds et agir de façon claire et décisive dès aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard », a conclu M. Hubbard.
Un certain nombre de signataires, issus de plusieurs pays, sont disponibles pour s’adresser aux médias – veuillez contacter press@our.fish pour plus de détails.
Contact :
Dave Walsh, notre conseiller en communication Our Fish, +34 691 826 764, dave@our.fish
Patricia Roy, relations presse France, +34 696 905 907 info@patriciaroy.com
Notes :
[1] Déclaration de soutien du scientifique : Mettre fin à la surpêche, c’est agir pour le climat https://our.fish/news/ending-overfishing-is-climate-action-scientist-statement-of-support/
[2] Définition de la gestion des pêches fondée sur les écosystèmes :
Contrairement à la gestion traditionnelle des pêches, qui se concentre sur la gestion d’une seule espèce, la gestion écosystémique des pêches (GEP) fait partie d’une approche plus large de gestion basée sur les écosystèmes qui prend en compte tous les impacts environnementaux, écologiques et anthropogéniques (y compris la pêche) sur un écosystème et qui tient compte de l’interconnexion et de l’interdépendance des différentes composantes d’un écosystème. https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/ecosystem-based-fisheries-management
3] Stratégie de l’UE pour la biodiversité pour 2030.
https://ec.europa.eu/environment/nature/biodiversity/strategy/index_en.htm
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